Le 23 janvier 2017, notre pays fête le 30e anniversaire de la banque de gènes du bananier. Celle-ci aide les chercheurs et les agriculteurs du monde entier à mieux comprendre la culture de la banane. En fait, une seule sorte de banane est commercialisée: la Cavendish. « C'est dommage, trouve Rony Swennen, chef du laboratoire, car il existe tellement de variétés différentes bien plus délicieuses. Comment cela se fait-il ? Le consommateur occidental est plutôt sélectif: en effet, les bananes doivent avoir une belle couleur jaune, avoir un goût sucré, satisfaire à une certaine dimension,... Il existe des bananes de toutes sortes de couleurs et de formats. Celles-ci sont cultivées dans les tropiques par de petits agriculteurs. Ces derniers assurent leur propre consommation et vendent le reste sur des marchés locaux. »
Chaque année, plus de 145 millions de tonnes de bananes sont cultivées. Seulement 15 % de cette production sont exportés. En d'autres termes, pas moins de 85 % de toutes les bananes produites dans le monde sont destinées à la consommation locale. En Belgique, nous mangeons chaque année environ 8 kg de bananes. Notre pays est en outre le deuxième plus grand importateur et exportateur de bananes à l'échelle mondiale.
La banque de gènes du bananier à Louvain conserve 1.536 variétés de bananes. Elle rassemble des informations digitales sur chaque espèce et les met à disposition sur Internet, dans le but de promouvoir la diversité et d'en stimuler l'utilisation, pour que les différentes variétés subsistent pour les générations futures. La banane est en effet de plus en plus menacée par les maladies et le déboisement. Le professeur Swennen commente le fonctionnement quotidien: « Via notre site Internet, nous recevons constamment des demandes pour de nouvelles variétés. Nous envoyons gratuitement 5 échantillons par sorte. Depuis nos 30 ans d’existence, nous avons envoyé du matériel à plus de 109 pays. Nos clients sont des ONG, des universités, des organismes de recherche, mais naturellement aussi les agriculteurs eux-mêmes. Comment procédons-nous à l'envoi ? Soit dans de petits sacs en plastique, soit dans de petits pots en plastique avec un bouchon à vis. Nous encourageons nos partenaires à mettre en place des laboratoires et à créer un commerce local de plants. Ce sont généralement des entreprises privées qui continuent de multiplier ce matériel et de le mettre à disposition des agriculteurs locaux à un prix bon marché. On est donc loin du processus classique des subsides. »
Dans le monde entier, il y a environ 2.000 variétés disponibles. Le but est de toutes les rassembler à Louvain et d'affiner les cartes génétiques des différentes espèces. Chaque petite bouture porte un code-barres. Une fois que celui-ci est scanné, toutes sortes d'informations apparaissent sur l'identité et les caractéristiques. En outre, toute la collection a été gelée (avec de l'azote liquide à une température de -196°C) afin de conserver la diversité pour toujours. Après dégel, les petites plantes restent viables et peuvent continuer de croître.
La Belgique mène, depuis déjà 1910, des recherches sur les bananes. En raison du lien historique de notre pays avec l'Afrique centrale et l'expertise de la KU Leuven avec la culture in vitro et la stabilité de notre pays, il n'est pas illogique que la collection soit abritée en Belgique.